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Littérature et cinéma de science-fiction

Définition

4 éléments existent plus ou moins dans une œuvre de science fiction :

1- Un univers ordinaire, décrit de manière réaliste.
2- Un élément qui pose un problème. Le résoudre semble impossible avec le raisonnement traditionnel. Il y a donc un étonnement (parfois avec l'effet "merveilleux") parce que les règles de l'ordinaire sont violées.
3- Puis, l'aventure tourne autour de la volonté de comprendre cet univers. A plusieurs (personnages de la fiction et lecteurs), on joue à démonter les mécanismes, à raisonner pour comprendre. Alors, un des objectifs du récit sera de mener à bien une enquête " scientifique " (faire des expériences et apprendre à se tromper).
4- La science-fiction existe dès lors qu'un nouvel univers apparaît, avec ses règles et sa propre logique. Le lecteur trouve alors de nouveaux repères qu'il accepte.

Mais aussi :
  • beaucoup d'auteurs ont une culture scientifique, ils justifient donc le passage du point 1) au point 4) avec des phénomènes scientifiquement "justifiés". C'est de la "hard science-fiction".
  • la science-fiction aborde souvent le futur, de manière optimiste ou pessimiste.
  • la science-fiction a un discours sur l'homme (philosophie). Elle pose des problèmes humains dans un autre univers pour créer une allégorie.

En littérature

Cliquez pour agrandir l'imageLa science fiction est avant tout un univers de l'écrit, l'imaginaire y étant plus sollicité.

Antiquité
Les mythes décrivent des mondes régis par d'autres règles (celles des dieux), et les légendes (l'Odyssée) introduisent la notion de voyage dans un autre monde (qui sera celui de la conquête de l'espace au XXème siècle).

Moyen-Âge
C'est plutôt le merveilleux et le fantastique qui prennent le pas. Cette période raisonne moins mais cultive son goût pour le surnaturel (sorcellerie et autres thèmes du fantastique).

Renaissance (XVIème au XVIIIème siècle)
Les thèmes antiques sont ressortis (traductions), la science s'impose petit à petit à la religion et surtout apparaît l'UTOPIE (pays n'existant nulle part, inventé comme l'idéal de l'Humanité). Thomas More (L'Utopie), Voltaire (villes que sont Thélème et l'Eldorado, personnage de Micromégas, extra-terrestre), Bacon (l'Atlantide), Lucien (voyage sur la Lune) inventent une arme politique et les débuts de la science-fiction.

Cliquez pour agrandir l'imageXIXème et XXème : la science et la peur.

Au XIXème siècle, la science-fiction devient plus populaire et une arme politique importante : pour dénoncer le système (la Révolution Industrielle puis la Première Guerre Mondiale) on invente des possibles pessimistes pour l'Humanité de demain : Frankenstein (1817) de Mary Shelley, le Docteur Jekyll (1886) de Stevenson. L'apocalypse inspira jusqu'à aujourd'hui : Le Meilleur de Mondes de Huxley en 1932 sera le meilleur succès de librairie du XXème siècle. 1984 d'Orwell (1949), Orange Mécanique de Burgess (1962) sont deux autres exemples de cette vision pessimiste du futur corps social. La Guerre des Mondes sera adapté à la radio en 1938. O. Wells raconta si bien qu'il créa des vagues de paniques aux Etats-Unis.

L'Entre-deux-guerres : futurs optimistes et pessimistes.
Le progrès scientifique force les Occidentaux à préparer leurs enfants aux imprévus que la science apporte. De plus en plus rapidement, l'humain doit s'adapter à de nouvelles règles de vie quotidienne imposées par la science : les aventures du voyageur (Jules Verne), puis celles de l'inventeur, puis du guerrier galactique sont des légendes de l'adolescence comme des contes merveilleux des adultes. Dans les années 30 se multiplient aux Etats-Unis les Fanzines spécialisées. La science-fiction s'écrit donc d'abord dans des magazines. Elle sera longtemps un " sous-genre " littéraire, auteurs et lecteurs se rencontrant dans un certain " underground ".

Dans les années 40, le genre s'élargit, les romans se multiplient. Les disciples de Lovecraft (maître du fantastique gothique) donnent à la science-fiction ses premières lettres de noblesse. Retenons Ray Bradbury avec ses Chroniques Martiennes et Fahrenheit 451.
L'explosion de la première bombe atomique va noircir encore davantage les univers de la science-fiction des l'après guerre.
La France n'est pas absente du mouvement avec des auteurs comme Barjavel.

Les années 50 et la revue Galaxy : l'épanouissement.
La science-fiction exprime alors l'horreur froide (Richard Matheson), la poésie, la mélancolie et la psychose (Philip K. Dick : Blade Runner, Minority Report, …, Herbert avec Dune). Les records de popularité sont battus. Les personnages et l'écriture s'améliorent nettement, les intrigues et les narrations deviennent plus riches.

Les années 60 : la révolte.
Avec les mouvements contestataires dans les sociétés occidentales, les nouvelles générations revendiquent une autonomie vis-à-vis de leurs pères. Le conte est mis de côté pour mettre au premier plan la poésie, la prophétie et le millénarisme. La science-fiction est enfin reconnue comme littérature au moment où elle s'impose à la télévision.

Les années 70 voient l'éclatement du genre et la prédominance nette des univers apocalyptiques. Nos enfants portent en eux un futur terrible (Stephen King, l'Exorciste, Rosemary's Baby). Parallèlement, Tolkien triomphe sur les campus universitaires, préparant la culture fantasy.

Au cinéma

    
Avant le milieu des années 50, le cinéma ne mettra pas les moyens financiers suffisants pour produire de la science-fiction. On compte sur les doigts d'une main les essais :
  • en 1902 : le voyage dans la Lune de Meliès, c'est l'univers du conte. Cliquez sur l'image ci-contre, vous pourrez voir le film sur la page en lien.
  • en 1926, Metropolis de Fritz Lang : c'est l'univers de la prophétie.
  • en 1933, King Kong de Schoedsack et Cooper unit le thème de l'ogre (classique du conte) et celui du cauchemar apocalyptique.
C'est en 1956, avec Planète Interdite de Fred Wilcox que la science fiction rencontre son public dans les salles de cinéma.
Après la crise de Cuba (1961), la peur de la troisième guerre mondiale et les questions soulevées par la conquête de l'espace inspirent Kubrick pour le Docteur Folamour (1963), suivi de 2001, l'Odyssée de l'espace (1968) et Orange Mécanique (1971). Ces trois œuvres marqueront pour longtemps le cinéma occidental. Hollywood répond donc tardivement aux nouvelles tendances de la science fiction des années 60. Soleil vert de Fleischer en 1973 illustre bien cet univers.

C'est à la fin des années 70 que les records de recettes arrivent avec la série Star Wars (1977) de Georges Lucas et les films de Steven Spielberg : Rencontre du Troisième Type et E.T. Mais ces genres ont 30 ans de retard sur les auteurs de littérature.

Puis, le cinéma a comblé son retard sur la bande dessinée grâce aux effets spéciaux et images de synthèse. Alien et Blade Runner de R. Scott ouvrent le bal dans les années 80 en misant énormément sur l'image (cadrage et lumière), donnant vie ainsi à la science fiction des BD. Les comics peuvent enfin exister à l'écran (Tim Burton : Batman en 1989). Bilal, en France, a bien fait quelques essais avec Bunker Palace Hotel et Immortel.

La science fiction n'existe désormais plus à part entière hors du fantastique, le cinéma hollywoodien actuel ayant tendance à s'uniformiser ou à se plier aux exigences narratives des jeux vidéo. Matrix avait prédit une révolution qui n'a pas eu lieu. Les écrans se contentent de nous ressasser les suites des années 70 et 80 ou à adapter des œuvres littéraires des années 50.

L'univers merveilleux des fantasy sauvera peut-être la donne, les univers primitifs attirant de plus en plus de monde (Le Seigneur des Anneaux). Le cinéma japonais, avec sa grande maîtrise du dessin animé (manga) tente une percée également : Katsuhiro Otomo (Metropolis, Akira et Steamboy).

Autres médias : la musique

Cliquez pour agrandir l'imageUne certaine musique électronique d'aujourd'hui est issue en partie de cet univers : titres, paroles, tenues vestimentaires et mises en scènes s'en inspirent, dans le rock comme dans la musique électronique qui a accompagné les prouesses de cinéma (Vangelis, Schulze dans les années 80).

La télévision

Cliquez pour agrandir l'imageEn Angleterre seront produites des séries comme Star Trek (1966) et Le Prisonnier (1967) dans les années 50 et 60, partout ailleurs seront privilégiés les récits d'aventure, mis à part l'ambitieuse Quatrième Dimension aux Etats-Unis et bien plus tard Twin Peaks et X-Files.

Ailleurs et surtout ....

La science-fiction passera à la radio et dans les bandes dessinées dans les années 30. C'est l'apogée du feuilleton. La BD des Etats-Unis inondera le monde dans les années 50 avec ses super-héros : les COMICS



lundi 5 janvier 2015Contactez l'auteur à svincent108@gmail.com